.o0 Les flots, la terre, l'inconnu... 0o.

Blottie dans un coin, Ayana sentait les houlements du bateau. Elle serrait son léger bagage contre son corps, regardant autour d'elle pour savoir s'il y avait un quelconque indice de la destination...

Rien. Pas un panneau indicateur, pas un tiquet à terre qui pourrait la renseigner.
Perplexe mais pas inquiète, elle était de nouveau perdue dans ses pensées.

*Ainsi donc après tout ce temps ils m'ont retrouvé. J'espère que là où m'emmène ce navire je ne risque plus rien...*

Elle se mit à observer les passagers, beaucoup de jeunes...
Etouffée par cette masse aglutinée à l'intèrieur (de peur que les mouettes ne se défoulent sur leur tête peut être...) elle se glissa lentement à travers ces corps chauds et en demi léthargie afin de sortir sur le pont.

Le vent marin lui giffla le visage. Une grosse claque bienfaisante qu'elle n'avait jusque là jamais goûté. Posant son regard sur cet horizon qu'elle avait quitté quelques minutes auparavant, Ayana repensa rapidement à sa mère. Elle savait que le rêve cette dernière était que sa fille n'ai pas la même vie qu'elle. La jeune femme s'en était fait le serment. Un sourire vint égayer le visage d'Ayana, visage qui avait si peu eu l'honneur de voir passer une esquisse de bonheur...

Elle sortit son paquet de cigarette et alla se poser dans un coin. Elle en tira une et l'alluma.

*Quitte à crever un jour, autant en prévoir la cause à l'avance...*

Avalant une grosse bouffée, elle attendit que passe le temps...
Sa cigarette terminée, elle alla s'asseoir à côté d'un jeune homme qui la remarqua à peine. Le regard plongé sur les vagues créées par le navire, il lui semblait voir chaque molécule d'eau s'enfuir devant la coque froide et massive...

Le vent passait dans ses longs cheveux noirs, laissant enfin voir ce visage qu'elle avait si longtemps caché derrière ses mèches. Le temps passait avec une lenteur monotone, les corps humains entassés dans une cabine à voyageur, et elle, l'étrangère, désormais seule sur ce pont... Elle s'accouda au rebord, fixant toujours ces remous presque inquiétants.

Mais plus elle les fixait, plus son estomac nageait au grès des flots dans son ventre. Sa peau déjà pâle à l'origine perdait le peu de couleur qu'elle possédait. Après une demi-heure de nausée et de vertiges, Ayana rendit tout ce que son corps pouvait rendre... Un léger rose vint reteinter ses joues. Sortant un mouchoir en papier, elle s'éssuya la bouche, prit une bouteille d'eau quasiment vide dans son sac et bu une gorgée, pas plus. Si elle en buvait trop, les vomissements reprendraient...

Elle se redressa lentement, sachant que personne n'avait fait attention à elle, quand elle entendit dans le haut parleur situé au dessus de l'entrée de la cabine à bétail:

" Mesdames et messieurs, arrivée à l'île de Médian dans quelques minutes, veuillez vérifiez que vous n'oubliez rien dans le bateau lors de votre débarquement..."

Ayana par reflèxe regarda le haut parleur...

*Médian? Jamais entendu parler...*

Et en effet, une dizaine de minutes plus tard, le navire commença à ralentir. La jeune femme sentit l'agitation qui gagnait les passagers. Elle leva les yeux et poussa un soupir.

*De vrais moutons ><*

Un choc puis un arrêt complet de l'embarquation. Les barrières s'ouvrirent, desservant un flots d'humains trop pressés. Ayana attendit d'être la dernière, passa une main rapide sur la barrière et pensa à l'adresse du bateau.

*Merci, tu m'as sorti d'une belle galère*

Ainsi accosta-t-elle sur cette île dont le nom n'avait jamais atteind ses oreilles. Elle ne savait pas ce qu'elle allait bien faire. La jeune femme se contenta de laisser voler son regard sur chaque courbe du paysage qui s'étalait sous ses yeux gourmands. Un horizon à perte de vue, tout comme ses pensées...

Une voie mélodieuse et cristaline, emprunte de douceur et de sérénité se fit alors entendre ....

- Putain de bordel de merde de valise à la con ! Fait chier !

... Bon, pour ce qui est de la douceur et de la sérénité, j'en ai peut-être un peu rajouté ... En effet à quelques mètres devant, se trouvait Thémis. En train de jurer comme un charetier contre sa valise, qui avait trouvé judicieux de s'ouvrir en grand, dispersant ses affaires au vu de tous.

Bon ... les vêtements ne s'étaient pas beaucoup éloignés, en revanche, des dizaines de feuilles prirent pour excuse un coup de vent pour tenter de s'enfuir. L'une d'elles vint notament se plaquer sur le visage de la jeune brune qui se trouvait derrière elle...

Mais ce dernier détail échappa totalement à Thémis, qui entreprenait de réunir ses affaires, tout en grognant :

- Alors là, pour être encombrante, et lourde comme pas permit, tu t'en charges, mais quand il s'agit de m'aider un peu, là il n'y a plus personne !

De rage, elle donna un coup de pied à la valise fautive, qui se vengea en dispersant un peu plus ses affaires....

L'horizon, c'est bien joli tout ça, mais les pensées d'Ayana furent troublée par une jeune femme devant elle dont la valise semblait plus capricieuse que la propriétaire... (enfin, ça reste à voir...)

Un étalage de vêtements de toute sorte, (lingerie, pulls, pantalons et... O.o slip kangourou? ? ? ? lol) ainsi qu'une masse de feuilles s'offrirent à la vue des badots, surpris du lyrisme de la jeune femme rousse. En effet, d'une belle voix, certes, mais d'une octave mal placée, la malchanceuse venait de traduire son mécontentement à l'égard de sa valise de façon... peu orthodoxe.

Ayana fit un léger sourire méprisant. C'était assez amusant de voir les gens galérer. (aurai-je omis de dire qu'elle était dotée d'une pointe de sadisme? ^^)

Mais son visage changea radicalement quand elle se prit une feuille en pleine tronche...
Son humeur avait changée du tout au tout devant une telle maladresse.

*Y'a vraiment des gens pas doués sur cette fouttue planète... ><*

Elle arracha la feuille de son visage et lança un regard noir à la jeune rousse. Cette dernière n'avait rien remarqué, elle était toujours déchaînée contre son bagage. Elle envoya même un coup de pied à la valise qui alla valdinguer un peu plus loin, laissant s'échapper le reste de son contenu.

Ayana s'avança et lui tendit la feuille dans un visage figé.

"Ormis les nombreuses affaires que tu viens d'envoyer valser, tu as aussi perdu ça..."

Sans un sourire elle gardait la main serrant la page tendue. Elle ne l'aida même pas à ramasser ses affaires, à quoi bon, c'était pas ses oignons de toute façon. Elle trouvait ridicules les gens qui s'énervaient pour si peu. C'est vrai, après tout ce n'était qu'une valise...

Ranger : Verbe transitif du 1er groupe /ʁɑ̃.ʒɛʁ/ : Mettre de l'ordre, poser un objet dans une place convenable ...

Pour Thémis, le "convenable" correspondait à fourrer le tout pèle-mèle dans sa valise... Tandis qu'elle y enfournait ses affaires, une autre femme lui tendit l'une de ses partitions ...

Avec un magnifique sourrire authentiquement faux, elle récupéra sa feuille, et entreprit ensuite de clore sa valise. Pour se faire, elle dut monter dessus, et y exercer toute la pression dont elle fut capable.

Heureusement pour elle, cela sufit à lui permettre d'enclancher les vérous. Et Thémis se leva alors, et prit la valise horripilante, tout en la menaçant de milles et une torture si jamais elle se réouvrait.

Par la suite, elle se tourna vers l'inconnue, qui était aparament serviable malgrès elle, et lui lança un

- Bonjour ... Merci ... Aurevoir ...

Ayana du retenir à éclat de rire méprisant à l'égard de la jeune femme. Elle ne pu cependant s'empêcher de l'analyser dans ses moindres coutures. Elle se trompait peut être mais la rouquine semblait être le type même de celle qui se la joue rebelle en se plongeant dans la musique et en gueulant à tue-tête...pitoyable.

Elle se fit arracher la feuille des mains et limite snobber par la jeune femme. La jolie brune fronça les sourcils, geste qui fit légèrement plisser son nez, et lança un regard mauvais à l'excitée.

Mais elle ne répondit rien. Ayana était toujours en fuite. Faire eclater un scandale, renvoyer bouler la rouquine ou même lui coller une baffe contre son irrespect n'aurait qu'attirer l'attention sur elle et on aurait pu la denoncer. Mais elle ne perdait rien pour attendre...

Elle lui balança juste un "De rien, tchao..." avant de jeter son baluchon sur son épaule et de suivre de loin le troupeau. Elle laissa la rouquine galérer à trainer sa valise et secoua la tête pour laisser une mèche de cheveux bruns tomber sur son visage...

» La terre ferme...